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Réserve Naturelle de Derrière les Massottes - Baron Edgar Kesteloot

 

 Localisation : 

Sur les hauteurs du village de Boirs - Rive gauche du Geer .

Superficie : 4,33 ha

Une prairie trop pentue pour y circuler en tracteur !  Voilà un peu comment cette vaste pâture de plus de 4 hectares nous a été présentée à l’automne 2008. Le propriétaire, agriculteur local, souhaitait se débarrasser de cette terre trop pentue que pour pouvoir y apporter un peu d’engrais. Il n’en fallu pas plus pour que les démarches soient entamées en vue de l’achat. Il s’agit en effet de l’une des rares prairies maigres de cette qualité et d’une telle surface encore présente dans la région !

 

Bien souvent, les prairies sont trop amendées que pour présenter un quelconque intérêt pour la nature, et celles qui se localisaient sur les versants pentus ont été petit à petit abandonnée à la broussaille, ne laissant alors que, çà et là, quelques placettes où l’herbe maigre n’a pas succomber à trop d’ombrage. C’est probablement ce qui se serait passé si nous n’avions pas acquis ce terrain.

 

La réserve naturelle Baron Edgar Kesteloot est le joyau le plus méridional de la Montagne St Pierre. Il termine la succession de sites, plus étonnants les uns que les autres, constituant les réserves naturelles de la Montagne St Pierre. Ceux-ci couvrent près de 60 ha répartis sur les versants des vallées de la Meuse et du Geer. L’essentiel des pelouses et prairies maigres de la Montagne St Pierre est géré par pâturage. Les versants sont en effet trop pentus que pour en envisager la fauche. Une race rustique et locale de mouton, le Mergelland, est utilisé pour cette tâche comme autrefois, lorsque les herdiers parcouraient les coteaux avec leurs impressionnants troupeaux. Ce sont également ces moutons qui sont chargés de la gestion de cette réserve naturelle. Ils visitent d’abord les zones où l’herbe est la plus abondante et la plus banale et passent ensuite, plus tard dans la saison, sur les parcelles plus sensibles, là où la biodiversité s’exprime le mieux. Sans ce pâturage, la prairie évoluerait rapidement vers une friche puis les arbres prendraient lentement leur place, condamnant à terme les espèces qui demandent soleil et chaleur pour se maintenir.

 

En empruntant la sortie de Boirs sur l’autoroute E313 en direction d’Anvers, il est impossible de rater ce large coteau ouvert. Il se dresse fièrement devant nous, rehaussé par une croix de fer qui domine la vallée. Celle-ci fut érigée en 1956 par la population lord d’une mission…Une rue en cul de sac, le Thier au Moulin, nous permet l’accès à ce petit écrin de biodiversité. Un petit chemin boisé, superbement fleuri au printemps, entame la découverte du site. Pas besoin d’être botaniste averti pour remarquer que ces prairies ne sont pas banales. Marguerite, boutons d’or, violettes, centaurées colorent le paysage doucement vallonné. L’œil plus expert notera rapidement les plages botaniquement plus intéressantes, là où l’herbe se fait bien maigre au profit d’autres petites plantes habituées à de rudes conditions de vie. Un petit groupe de piloselles par-ci, une vaste crête couverte de petites pimprenelles là-bas. Il n’y a pas de doute, à voir la craie affleurante, juste un peu plus loin, nous sommes sur le calcaire ! Par contre, un rien plus au sud, on découvre des espèces de plantes plutôt liées aux milieux acides. Il est vrai que le Geer, coulant aujourd’hui en fond de vallée, a façonné ces versants et y a déposé des graviers. La nature ne s’y trompe pas et d’autres espèces s’y sont donc installées.

 

Il suffit de parler de chants stridents de grillons à l’heure de l’apéro et ce sont immédiatement des images de Provence qui nous viennent à l’esprit ! Ce coteau, offre le gîte à des centaines de grillons des champs, espèce assez rare dans nos régions. Dès que les beaux jours reviennent, ces discrets grillons mènent de véritables concerts de chants sur l’ensemble du versant ensoleillé. Il vous sera pourtant très difficile de les apercevoir. Très sensibles aux vibrations du sol, ils vous entendront arriver, stopperont net leur chant et se réfugieront dans leur profond terrier.

 

Il suffit d’entendre parler d’ancien verger pour que l’idée émerge rapidement dans l’esprit des volontaires dynamiques qui s’investissent sur le site, de replanter des arbres hautes tiges de variétés locales. Ce fut fait à l’automne 2010. Une bonne quinzaine de pommiers, rassemblant 7 variétés anciennes, ont trouvé place sur la partie la plus haute et la plus fertile de la prairie. Seule zone plane de la réserve naturelle, amendée par l’ancien exploitant et déjà occupée autrefois par des fruitiers. Par ailleurs, une longue haie de plus de 300 mètres a été plantée en contre bas, établissant ainsi un corridor plus boisé entre deux zones forestières bordant la réserve naturelle de part et d’autre.

 

L’acquisition de la prairie maigre de Derrière les Massottes, dans le cadre du LIFE Hélianthème, a bénéficié du soutien de la Fondation Edgar Kesteloot. C’est a juste titre qu’une réserve naturelle porte donc dorénavant son nom dans ce contexte de préservation d’une biodiversité nationale qui lui est chère.

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